Interview du réalisateur de Chasselas Forever

A l’origine de ce film, une passion sans faille pour le monde du vignoble, celle de Florian Burion, enfant du Chablais vaudois. Immergé en plein cœur d’une région viticole, il fait de l’univers du raisin son sujet de prédilection aussitôt qu’il apprend à se servir d’une caméra. Rencontre.

L’histoire du chasselas représente pour vous un sujet original et passionnant à mettre en images. En quel sens? 

Le cépage chasselas a une histoire particulière et importante dans la viticulture en Suisse Romande mais elle n’avait jamais été racontée dans un film et reste, me semble-t-il, très méconnue du grand public. Cette histoire est en plus alimentée de nombreuses légendes encore racontées par certains vignerons aujourd’hui. Cependant, de récentes études scientifiques, et en particulier des analyses ADN, sont venues bouleverser les connaissances qui servaient de base jusqu’à récemment. J’ai voulu faire un film de référence sur ce cépage, rassemblant toutes les connaissances actuelles le concernant. Dans notre culture, le vin est un produit qui occupe une place particulière. Nombreux sont les consommateurs qui sont attachés à l’histoire familiale des vignerons, de leur domaine, de leur région viticole. Remonter à l’origine des cépages, et en particulier celle du cépage chasselas, c’est pour moi comme aller au coeur de l’histoire viticole romande.

– Quel lien avez-vous avec le monde viticole? 

J’ai grandi à la campagne dans une région viticole, le Chablais vaudois. Depuis que j’ai une caméra dans les mains, la vigne, et de manière plus large le monde du vin, est l’un de mes thèmes favoris. Ses paysages, le travail que nécessite son entretien et les hommes qui la façonnent m’ont toujours beaucoup inspiré. Cela m’a permis de créer des liens particuliers avec ces artisans, proches de chez moi, et de susciter en moi une passion pour le monde du vin.

– Quel a été l’élément déclencheur de ce documentaire? 

Lors d’un séjour en Bourgogne, je suis arrivé par hasard dans le village de Chasselas. Je ne connaissais alors rien à l’histoire du cépage et ma curiosité a été piquée au vif: y avait-il un lien entre ce village et le cépage du même nom ? J’ai alors commencé mes recherches. Et plus j’ai avancé, plus je me suis dit que ce sujet ferait un film formidable, car l’histoire des cépages est souvent assez méconnue du grand public.

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– Quel est pour vous l’objet central de ce documentaire? 

Il y a pour moi plusieurs niveaux de lecture dans ce film. Tout d’abord, en racontant l’histoire du cépage chasselas, on se retrouve plongé dans l’histoire de toute une région, qui s’étend de la Suisse romande à la France notamment et qui montre combien les échanges ont toujours été importants entre les populations ; ils remontent à l’antiquité! Ensuite, parler du chasselas d’un point de vue plus scientifique ou botanique m’a permis d’aborder dans le film de nombreuses questions sur les cépages de manière générale. Comment un cépage peut-il naître et comment en a-t-on assuré la pérennité au fil des siècles ? En réalisant ce documentaire sur le chasselas, j’ai appris énormément sur l’histoire des cépages et j’ai tenté de la restituer au mieux.

– Parmi les séquences remarquées et spectaculaires du film, plusieurs nous montrent la vigne qui pousse en accéléré. Comment avez-vous réalisé ces images ?

Je crois pouvoir dire que c’est la première fois que l’on montre dans un film une vigne qui pousse en accéléré de cette manière-là. Ces images ont beaucoup impressionné les spectateurs du festival Oenovideo, où le film a remporté trois prix. La réalisation de ces images a été un vrai défi technique. Elle a nécessité plusieurs mois, voire années, de travail et de patience. Les prises de vues se font image par image avant d’être mises bout à bout. La vigne bourgeonne, grandit et fleurit ainsi en quelques minutes.

(Interview réalisé par Jeanne Dubuis, Octobre 2015)

 

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